Depuis 2014, des étudiants de la filière écologie et biologie des organismes de l’université de Poitiers réalisent chaque année des comptages des oiseaux présents sur le campus de Poitiers. Objectif : étudier la capacité d’accueil de la biodiversité du campus.

Nicolas Bech, maître de conférences au laboratoire Ecologie et biologie des interactions – EBI (université de Poitiers / CNRS) est à l’initiative de ce projet. Il encadre les étudiants en projet ou en stage. « Nous avons entrepris cette action parce qu’il est intéressant de connaître l’état de la biodiversité du campus de l’université de Poitiers. De par sa superficie et son caractère semi naturel, le campus joue un rôle important pour connecter les populations naturelles de part et d’autre de la ville de Poitiers. Il est aussi un espace très fréquenté par les étudiants et les habitants qui vivent autour et on peut donc se demander comment se passe la « cohabitation » avec les usagers du campus ».

Composé d’espaces verts et de plusieurs strates arborées, le campus représente un lieu de refuge pour la biodiversité et notamment pour les oiseaux qui s’y installent ou se reposent lors de leurs déplacements. Ainsi, le campus s’intègre dans le réseau de continuités écologiques de la ville de Poitiers (i.e. Trame Verte Bleu) et favorise ainsi la traversée du paysage urbain pour les organismes vivants. De plus, l’étude de l’avifaune permet également d’étudier le fonctionnement de l’écosystème car les oiseaux, se situant plutôt en haut de la chaine alimentaire avec notamment des prédateurs, régulent le fonctionnement de toute la chaine trophique et de la biodiversité associée (insectes, flore, micro mammifères).

60 espèces d’oiseaux recensées sur le campus

Muni de jumelles et de guides ornithologiques, les étudiants (plus de 40 étudiants depuis 2014) réalisent des observations et des comptages en suivant des protocoles déterminés par la Ligue de Protection des Oiseaux. Helene Paulhac, technicienne CNRS, accompagne les étudiants et assure le bon déroulement des opérations : « nous réalisons 1 séance par semaine de janvier à mars puis 2 séances par semaine en avril et mai. Il faut être capable d’identifier les oiseaux à la vue mais également parfois à l’ouïe pour les espèces les plus difficiles à approcher ».

Les données recueillies sont saisies dans une application naturaliste pour ensuite être récupérées et cartographiées sous Système d’Information Géographique (permettant une analyse des données).

Depuis 2014, 7 637 oiseaux appartenant à plus de 60 espèces ont été relevés.

Connaitre le cortège d’espèces et voir son évolution au cours du temps

Parmi les 60 espèces d’oiseaux présentes sur le campus, on remarque des espèces protégées et en déclin à l’échelle régionale, par exemple le bruant des roseaux, le roitelet huppé, le pouillot fitis, le rougequeue à front blanc, la bergeronnette des ruisseaux… des espèces déterminantes. Elie Morin, doctorant au laboratoire EBI, également associé au projet explique : « Plus un milieu urbain est dense avec beaucoup de surfaces imperméables (routes, parkings, bâtiments) moins on aura de biodiversité. Observer ces espèces montre que le campus est perméable à la biodiversité et qu’il est un véritable refuge. Il est également intéressant de voir l’évolution de la présence des espèces sur plusieurs années. On a pu par exemple observer des espèces qui vivaient normalement plus au sud et qui remontent dans notre département ».

Pour Nicolas Bech, « la dimension du projet liée à l’enseignement est très importante. Les étudiants qui participent sont très investis. Et par ailleurs, ce travail devient un support pédagogique puisque la base de données est exploitée dans le cadre des enseignements de la filière écologie ». Anne Piron, étudiante en 3eannée de licence écologie et biologie des organismes témoigne : « je ne pensais pas que le campus puisse accueillir une telle diversité d’espèces. On dispose ainsi d’un terrain d’analyse directement accessible et c’est un atout pour notre formation ».

Des études pour mieux gérer les espaces

Cette étude de l’avifaune du campus a également un autre intérêt. Il permet d’orienter la gestion des espaces verts de l’établissement. La connaissance des zones intéressantes pour les oiseaux permet de les maintenir ou de les renforcer. C’est ainsi que les jardiniers du service Espaces verts de la Direction de la logistique et du patrimoine immobilier de l’université ont planté très récemment des arbres de collection et des arbustes dans des zones identifiées pour leur potentiel en terme de biodiversité, notamment sur la plaine Rabelaise.

Le but est de favoriser la connexion entre les différentes zones boisées du campus. Ces haies labélisées « Végétal local » sont constituées de végétal sauvage prélevé durablement en milieu naturel (qui s’est adapté génétiquement depuis des milliers d’années et co-évolué avec les animaux et plantes de son milieu). Ceci contribue au bon fonctionnement des écosystèmes.

Les arbres quant à eux ont été choisis pour leur adaptation au réchauffement climatique mais aussi pour leur qualité botanique afin de constituer à terme un arboretum sur le secteur B.

Dans sa volonté de conjuguer espaces verts, activités humaines et bienêtre autour de la biodiversité, la DLPI a également recours à des fauches tardives qui favorisent les cycles biologiques et a contribué à installer, toujours avec l’aide des étudiants, des hôtels à insectes et des nichoirs à oiseaux ou encore à chauve-souris.

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